Au départ, cette série d'articles avait pour objet principal l'examen de certains problèmes relatifs a l'impression de demi-tons en sérigraphie. En meme temps. devaient être proposés des moyens susceptibles de surmonter les difficultés.
Pour mieux faire comprendre les problèmes et leurs causes, on jugea opportun d'écrire les articles dans un style simple, destiné a un grand nombre de lecteurs. Les sérigraphies, particulièrement, devaient y trouver les informations dont ils ont besoin concernant l'action du matériel photographique a grand contraste, sa valeur dans les procédés photomécaniques et les principes généraux de plusieurs modes de reproduction des demi-tons.
C'est le moment, de passer en revue une partie de ce qui a été dit dans les cinq articles précédents, afin de mettre en lumière certains principes qui ressortent de ces pages et, a partir d'eux, proposer une marche à suivre. Les points principaux sur lesquels se fonde cette étude se rangent dans l'ordre suivant:
La sérigraphie, qui a utilisé des méthodes d'impression de demi-tons créées pour d'autres procédés graphiques, est un procédé tout a fait different, avec ses propres problèmes de reproduction.
Certains de ces problèmes relatifs a l'impression des demi-tons, viennent de ce que les trames photomécaniques actuelles ne sont pas appropriées a la nature particulière de la sérigraphie.
C'est pourquoi, il importe d'examiner la possibilité de créer une trame simili qui convienne spécialement a la sérigraphie:
En dehors de quelques trames a effets particuliers, toutes les trames photomécaniques en usage aujourd'hui présentent un pointillé régulier. Comme la sérigraphie utilise une toile dont le tissage est régulier, le problème qui se pose couramment est |'apparition de moiré, causé par la coincidence du pointillé avec la texture quadrillée de la toile; le risque de moire est plus grand lorsqu'on imprime de fins demi-tons. Bien que le moire puisse être évite en plaçant la trame a l'angle voulu par rapport a la toile, cette solution n'est facile que lorsqu'on ne doit utiliser qu'un seul chablon pour impression monochrome.
En impression quadrichrome le problème est compliqué par le fait que chacune des quatre trames est deja a un angle different, afin de venir a bout d'un autre type de moire qui se produit entre les trames:
Les trames a grains irréguliers actuelles, que l'on peut se procurer comme trames de contact, comprennent certains types que l'on declare convenir a la sérigraphie ; mais ces modèles ne sont pas spécialement conçus pour les problèmes particuliers a notre procédé et ils ne sont pas appropries a la qualité supérieure dont il est capable aujourd'hui. Nous avons besoin d'une trame qui réunisse a la fois la qualité des teintes de la trame de contact a points elliptiques et l'absence de moiré.
Cette trame devrait faire en sorte que dans les hautes lumières, la forme du pointillé ne soit pas facilement gênée par les mailles de la gaze, que les points d'ombre adherent fermement aux fils des mailles, et que l'impression soit nette, sans bavures.
La trame reproduirait bien les détails, la reproduction améliorée des détails mettant é même d'utiliser des trames simili plus grossières avec |'aspect d'une trame plus fine. Avec une trame convenablement conçue, les reproductions dans la région de la Linéature 133 seraient assez fines pour effectuer dans un proche avenir des impressions de demi-tons du meilleur rendement commercial.
Les caractéristiques respectives des trames de verre et des trames de contact ont été discutées. Les trames de contact seront celles que I'on choisira pour les reproductions de demi-tons en sérigraphie; pour plusieurs raisons, parmi Lesquelles leur prix ‘peu élevé, de très bons résultats et une plus grande facilité d'emploi. En outre, les trames de contact reproduisent mieux les détails que n'importe quel type plus ancien de trame de verre. Cette meilleure reproduction des détails tient particulièrement au pouvoir d'allongement ou de déformation du pointillé de la trame de contact afin de produire des liaisons dans les zones de détails aux lignes et aux bords nets (fig. 1]. Un argument supplémentaire en faveur de la trame de contact, est que par les méthodes de simiii conventionnelles utilisant les trames de verre, il ne serait pas possible de créer un pointillé special pour la sérigraphie, car la forme de celui-cl est irrégulière et convient mal a la répartition‘ mécanique.
Parmi un certain nombre de trames a grains irréguliers examinees, on a constaté un défaut commun: les dimensions variables des grains et les différences de leurs espacements donnent aux teintes de la reproduction un aspect inégal et granuleux. Meme la meilleure trame a structure maillée a des dimensions de grains tres variables, et il semble que c'est une particularité de toutes les trames dont la granulation est provoquée par un procédé naturel agissant au hasard.
Ce qui indique que pour la douceur des teintes, nous avons besoin de grains de dimensions uniformes et espacés régulièrement.
Des dimensions de grains différentes donnent un aspect rugueux aux teintes, particulièrement dans les zones de hautes-lumières. Des espacements variables font que dans les teintes moyennes et les ombres, les grains se réunissent l‘a ou il ne faut pas, formant ainsi un pointillé trop serré.
Dans l'agrandissement (Fig. 6 de l'article V] de grains dessinés a la main, on remarque que, bien que l'espacement des grains soit bien meilleur que dans les trames a particules éparpillées, il y a encore de grandes differences dans la dimension des grains (Fig. 2) ; on en voit les effets dans les hautes lumières et les ombres de la reproduction. Malheureusement, dans la reproduction que montre la fig. 9 [article 5). une grande partie du pointillé de l'original a été perdue dans les ombres, comme on peut le $5 voir sur une partie agrandie du meme négatif (Fig. 3). Si on a une surface pointillée ou grainée suffisamment grande, on peut, en principe, fabriquer une trame de contact d'un modele très simple en photographiant la surface grainée 9' «brouillée»» sur négatif a tons continus.
C'est $5 la méthode suivie pour la petite trame de contact d'essai, qui a été faite pour |'article V. En effectuant deux expositions, ou plus, a travers différentes ouvertures de diaphragme, on peut créer des types différents de gradations de densités, depuis le centre de la surface grainée jusqu'au bord. Mais en général, sans une compétence de spécialiste et des calculs précis, alliés :3 au meilleur équipement photographique, il est très peu probable que l'on crée une trame de 9' contact ayant les qualités voulues pour obtenir $5 une bonne reproduction.
La fabrication des trames de contact est le travail des fabricants spécialisés, mais certains lecteurs peuvent trouver intérêt ‘a savoir comment, a titre d'essai, on a obtenu un effet de simili a partir d'un bromure de grains dessinés à la main. Pour nous, le problème principal n'est pas la $5 fabrication de la trame, mais la création d'une structure grainée irrégulière qui convienne, j'ai examiné les diverses méthodes possibles.“
Au moyen de la technique du «scanner» une trame peut être créée à partir d'une portion deg surface, composée d'un groupe de grains à la main en une dimension agrandie. ll faut ordonner le groupe de grains de telle manière qu'aux bords de la portion de surface, ils se complètent l'un |'autre. Si alors on continue le motif par répétition, une surface indéfiniment grande peut être créée par «scanning» selon le principe de la répétitrice.
Toutefois, il y a répétition il y a risque de moirée ; peut-être pas par le tissu, mais un moiré se produirait très probablement avec cette méthode, si les trames étaient supprimées pour la reproduction en couleurs.
ll est possible qu'une solution puisse être trouvée par la physique en produisant et répartissant électriquement une surface de grains d'égales dimensions, ceux-ci s'ordonnant eux-mêmes par répulsion mutuelle. Mais dans de tels mécanismes les grains ont tendance a suivre les lois des probabilités mathématiques et a s'ordonner en groupes de formes géométriques.
En attendant une solution pratique, nous devons accepter que les particules ou les grains soient «presque d'égales dimensions» et que les distances les séparant soient «presqu'égaIes».
Car il est évident que la distribution irrégulière est impossible si les particules sont de dimensions égales exactement et toutes séparées a une distance identique. La distribution alors ne peut être que géométrique.
Les restrictions ci-dessus s'appliquent le plus rigoureusement aux particules ou grains dont la disposition est serrée et uniforme, un exemple parfait étant le groupement géométrique en cercles ou disques de diamètres égaux. Mais si nous considérons les grains comme des images distinctes, chacune de forme différente, nous pourrons alors baser notre raisonnement sur des données plus conformes.
Ce que nous cherchons, dans le but d'obtenir une douceur des tons, c'est l'égalité de dimension des grains, ainsi que l'égalité des distances les séparant. Si nous allongeons ceux-ci jusqu'a en faire des lignes, nous pouvons obtenir une variété infinie de formes ; des lignes de différentes longueurs, qui suivent des directions irrégulières ou se ramifient en d'autres lignes, font songer aux motifs a structure maillée. La douceur des teintes est affaire d'égalité d'épaisseur des lignes. en même temps que l'égalité suffisante, pour des fins d'ordre pratique, des espaces séparant les lignes. La forme maillée donne ces possibilités, tout comme la trame a grains Efha-Kohinoor, type PK, fort digne d'intérêt, dans une version légèrement modifiée. Les défauts de cette trame sont ceux de celles a structure maillée. Les lignes qui sont surtout égales quant à leur épaisseur ont tendance, a certains endroits, a s'agrandir en noeuds d'épaisseur excessive.
A d'autres endroits, la formation des lignes cesse, laissant un espace dans lequel il n'y a que des points. Avec cette trame, Ia reproduction générale est bonne, mais les tons donnent une certaine impression de rugosité. L'agrandissement montrera toujours qu'elle est due aux défauts dans la formation des grains, dont question ci-dessus.
Le procédé peut-il être amélioré afin de supprimer les irrégularités ? Dans la négative, il est possible, bien entendu, de corriger les défauts par retouches (fig. 4] en travaillant sur un agrandissement a fort contraste; on réduit ensuite à la dimension que requiert la trame-mère. J'aimerais beaucoup voir des sérigraphies resultant de l'utilisation de cette trame, particulièrement en quatre couleurs.
On peut se la procurer en linéatures 75 et 150 [par pouce] et les fabricants me disent que la linéature 225 sera bientôt disponible. Et nous arrivons maintenant a des considerations plus générales. ayant rapport ‘a cette question, et qui sont très importantes si nous voulons que ‘des trames de contact, ou tout autre moyen special, soient étudiées et créées pour notre procédé par l'industrie des équipements pour arts graphiques. Ceci concerne la position actuelle et future de la sérigraphie quant a son développement technique et a son essor commercial. Si nous avons besoin d'une création spéciale, telle qu'une trame de contact, requérant des recherches nouvelles pour s'adapter a notre procédé, ce nouveau produit doit provenir de cette branche particulière des arts graphiques qui est spécialisée ‘dans ‘F5' fabrication des trames de demi-tons.
Mais il ne suffit pas que nous indiquions la valeur d'une telle création pour notre procédé. Des réalités économiques s'y mêlent. ll faut des signes sérieux de demande de la part d'une industrie progressiste, qui promette un bon marché, étant appelée a des développements techniques, ainsi qu'a une croissance et a une prospérité futures.
Nous sommes a une époque de transition, entre les pratiques établies du passe, les nôtres propres et celles que nous avons empruntées, et les nouvelles méthodes de l'avenir, de conception plus spécialisée. Si nous sommes parvenus ca: nous sommes, nous le devons en grande partie a ce que nous avons été capables de nous servir directement de ce qu'offrait le commerce des arts graphiques, particulièrement en fait de caméras, films et trames de demi-tons.
Mais en poursuivant cette m‘arche en avant, il semble que nous ne nous soyons pas assez fait connaitre de l'industrie de l'impression. Je sais qu'en Angleterre, les secteurs typo et offset, ainsi que leurs fournisseurs, ignorent de manière presqu'incroyable les méthodes actuelles et les réalisations de la sérigraphie. J'ai eu de nombreux contacts a la fois avec les milieux des affaires et ceux de |'enseignement a un niveau élevé; dans presque tous les cas, la connaissance de la sérigraphie semble s'être arrêté a l'idée que l'on s'en était faite il y a plus de vingt ans; un procédé d'impression avec des encres a base d'huile imprimant en relief, et la linéature 65 (par pouce] étant la limite pour les demi-tons. J'ai montré des oeuvres de Hans-Peter Haas, qui est en train d'écrire en sérigraphie l'histoire de demain et de prouver ce dont le procédé est capable. La reaction est un ébahissement complet de ce qu'on ait pu se servir de la sérigraphie pour des réalisations d'un tel niveau. Des spécialistes de |'imprimerie ont examiné au microscope la structure pointillée de ses demi-tons de linéature 150 et ont été surpris de sa ressemblance frappante avec la qualité de l'offset.
Et maintenant, les reproductions sans trame de tons continus en couleurs font suivre de très près les tout derniers progrès de l'offset. Ceci déconcerte totalement les milieux de l'imprimerie, car c'est un exploit qui était considéré comme impossible au sérigraphe. ll n'y eut pas de raison particulière, autrefois, pour que l'industrie graphique fut intéressée par notre procédé et c'est ‘a nous que revient la faute de n'avoir pas fait connaitre davantage nos développements.
Dans nos revues et a nos réunions, nous nous sommes strictement limités a nous adresser a des sérigraphes parlant a des sérigraphes de leurs propres développements et progrès dans un cercle fermé de promotion personnelle. Aujourd'hui, nous avons créé un quatrième grand procédé, avec un brillant avenir devant lui; et cependant, les milieux de |'imprimerie et l'industrie des arts graphiques connaissent très peu de choses a son sujet. Nous avons besoin d'ouvrir les voies par un échange plus réel des informations et des progrès techniques, ce qui peut être d'un intérêt et d'un profit mutuels.
La grande partie des efforts doit venir de notre coté, mais nos progrès valent la sérieuse attention des milieux d'affaires des arts graphiques. Par exemple, une trame de contact spécialement créée pour notre procédé peut avoir un débouché plus vaste que la branche sérigraphique. Elle peut se montrer très efficace pour le tramage par d'autres procédés.
F I N
N'hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions, nous sommes à votre disposition.